PIERRE OZER

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Francorchamps... La réussite [IMAGINE]

 

Petit retour sur la campagne électorale. « Plus c'est gros, plus ça passe », dit l'adage. Ici, c'est tellement gros qu'il est difficile de laisser passer... Car de quelle réussite se vantent-ils ? Ce « succès » n'aura coûté « que » 46 millions d'euros (soit près de 2 milliards d'anciens francs) à la Région wallonne pour quatre Grand Prix de F1. A titre de comparaison, le budget annuel de cette même Région wallonne alloué aux primes « énergie » (isolation des murs, toitures, remplacement du simple vitrage par du double vitrage, installation de poêles à pellets, réalisation d'un audit énergétique, etc.), donc pour économiser l'énergie et diminuer les émissions de CO2, est de l'ordre de 12 millions d'euros. Soit peu ou prou le prix d'un Grand Prix !

Il faut bien sûr déduire les recettes (selon le ministre Marcourt, le gouvernement wallon s'attend d'ores et déjà à un déficit de 3 ou 4 millions d'euros lors de l'organisation du Grand Prix de Formule 1 de 2007) mais la symbolique de ce geste politique « lourd » compte. En effet, alors que les problématiques environnementales se sont hissées dans le Top 5 des préoccupations électorales et que tous les principaux partis (sauf le MR) ont marqué leur soutien au Pacte écologique belge et donnent une place de choix à la lutte contre le réchauffement climatique dans leur programme, Francorchamps fait un peu temps des dinosaures…

Quant aux émissions de CO2 liées à l'organisation de cet événement mécanico-sportif, elles sont effarantes. D'un côté, les 22 bolides qui tourneront en rond pendant 90 minutes émettront 17 tonnes de CO2 dans l'atmosphère, soit l'équivalent des émissions d'un convoi de 750 voitures particulières quittant Francorchamps et roulant 90 minutes pour atteindre la capitale de l'Europe. De l'autre, le Grand Prix de F1 devrait attirer 65 000 spectateurs, soit de l'ordre de 22 000 véhicules de toute l'Europe, dont les émissions de CO2 seront au moins 100 fois plus importantes. Et ce, sans tenir compte des fanatiques et journalistes venus par avion des quatre coins de la planète, des hélicoptères nécessaires à la retransmission mondiale de l'événement, des jets privés, du transport des centaines de policiers chargés du bon déroulement de l'épreuve, etc.

La réussite est donc toute relative lorsque les principaux coûts environnementaux liés aux émissions de gaz à effet de serre sont pris en compte.

 

 

Pierre OZER. Imagine (Belgique), N°62, Juillet-Août 2007.

 

 

 

Pour avoir la version pdf de cet article, envoyez-moi un mail: pozer@ulg.ac.be

 

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19/07/2007
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