PIERRE OZER

PIERRE OZER

Moissons de chiffres - Prévoir scientifiquement les récoltes

Moissons de chiffres

Prévoir scientifiquement les récoltes

 

« Cette année, les rendements d'orge et de blé d'hiver en Belgique seront équivalents à ceux de 2005, légèrement supérieurs peut-être. Les records de 2004 ne seront pas atteints, mais rien ne menace à l'heure actuelle les prochaines récoltes. »

Prévisions de Madame Soleil ? Pas du tout. Ce sont les affirmations de Bernard Tychon, chef de travaux au département de sciences et gestion de l'environnement qui mène – avec son équipe et plusieurs chercheurs du Centre wallon de recherches agronomiques de Gembloux (CRA-W) et du Vlaamse Instelling voor Technologisch Onderzoek (Vito) – de sérieuses études agro-météorologiques. Grâce aux données météorologiques quotidiennes mises à disposition par l'Institut royal météorologique de Belgique (IRM), aux images satellites "Spot-Vegetation" fournies par le Vito de Mol et aux données de rendements des années antérieures de l'Institut national de statistique, les chercheurs s'autorisent des prévisions qu'ils publient, depuis cinq ans maintenant, dans le Bulletin agro-météorologique belge, mensuel très attendu dans la profession.

Pendant les six mois de la saison agricole, d'avril à septembre, ces scientifiques n'ont d'yeux que pour le blé et l'orge d'hiver, le maïs, la betterave sucrière et la pomme de terre, soit les cinq cultures principales de notre plat pays. Observations, données statistiques, cartes de la nature du sol et données climatiques croisées livrent alors une vision complète de l'état de la végétation sur l'ensemble du territoire belge. « Grâce à l'amélioration constante des espèces sélectionnées et des techniques de gestion des cultures, la production s'améliore chaque année, explique Pierre Ozer, chargé de recherches à l'ULg. Mais les températures, l'ensoleillement, les précipitations sont des facteurs qui peuvent faire varier l'activité chlorophyllienne de la végétation de façon très sensible, comme nous le montrent les images satellites. »

L'étude minutieuse de tous ces paramètres aboutit à dresser une cartographie précise des rendements des cultures, par région ou par circonscription agricole. « Ce qui constitue un outil descriptif particulièrement intéressant, tant pour les acteurs du monde agricole que pour les décideurs politiques, poursuit Bernard Tychon. Nos travaux sont appréciés aussi par le Fonds des calamités agricoles car ils peuvent apporter des éléments objectifs dans des situations de crise, notamment en période de sécheresse

Si la Région wallonne et le ministère de l'Agriculture applaudissent à la démarche, l'Union européenne et l'Organisation météorologique mondiale sont séduites également. Le modèle belge pourrait peut-être faire des petits. Car, sur les marchés internationaux, ces questions ont un sens : qui dit "hauts rendements" dit "prix bas" et vice versa.

 

Propos recueillis par Patricia Janssens

Paru dans le 15e Jour du Mois, mensuel de l'Université de Liège, N°155, juin 2006.



12/12/2006
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