Sommet de Copenhague: les principaux acteurs
Michel de Muelenaere, 7 décembre 2009, Le Soir.
L’Union européenne.
L’Union européenne, qui s’engage et parle au nom de ses membres, a abattu ses cartes, en ce qui concerne les réductions d’émissions. Ce sera -20 % d’ici 2020 par rapport à 1990 et de 30 % si les autres parties à la négociation font un effort jugé « comparable ». Les Vingt-sept, présidés par le Suédois Fredrick Reinfeldt, promettent de réduire leurs émissions de 80 à 95 % en 2050. En ce qui concerne l’aide aux pays pauvres, l’Union situe le besoin entre 22 à 50 milliards par an. Et, entre 2010 et 2012, de 5 à 7 milliards au titre de « financement rapide ». Reste à savoir la part des uns et des autres.
Les Etats-Unis.
Gros émetteurs de gaz à effet de serre par habitant et pays historiquement réticent à l’égard du protocole de Kyoto, les Etats-Unis sont attendus au tournant. Tout le monde espère un geste du président américain qui a un jour promis de réduire de 80 % les émissions de son pays en 2050. Mais Barack Obama ne peut et ne veut pas faire n’importe quoi. Deux lois « climat » sont en discussion au Sénat et à la Chambre à Washington. Les Américains viendront à Copenhague avec un mandat encadré par ces discussions inachevées. Ils s’engageraient à baisser de 17 % leurs émissions de gaz d’ici 2020 et de 42 % en 2030. Le hic, c’est que l’année de référence choisie par les Américains n’est pas 1990, mais 2005, une année de fortes émissions pour les USA. Résultat : ramené à 1990, leur objectif est de 4 % en 2020 et de 22 % en 2030. En ce qui concerne le financement, Washington a indiqué son intention d’en prendre sa « juste part ».
La Chine.
Premier émetteur de gaz à effet de serre mondial, Pékin est soumis à forte pression pour prendre sa part des efforts. Mais le Premier chinois Wen Jiabao exige une contrepartie financière substantielle. La Chine a annoncé son intention de réduire son « intensité carbonique » (les émissions par unité de produit intérieur brut) de 40 à 45 % d’ici 2020. Le hic, décode Pierre Ozer expert en sciences de l’environnement (ULg), c’est que, de 1990 à 2007, l’intensité carbonique chinoise a déjà diminué de 42,3 %. Et que dans le même temps, les émissions ont augmenté de 170,6 %. L’engagement correspond à peu de chose près à l’évolution prévue de l’économie chinoise. Et ne préjuge en rien d’une réduction importante des émissions.
L’Inde.
Le Premier ministre indien, Manmoran Singh, l’a confirmé : Delhi s’engage à réduire l’intensité carbonique de son économie de 20 à 25 % d’ici 2020 par rapport à 2005. Cela signifie que les émissions vont continuer de croître mais à un rythme inférieur à celui qui est prévu. Cet engagement est « volontaire et non obligatoire », insiste Singh. Les Indiens sont très réticents à accepter un contrôle international sur leurs plans de réductions de CO2. Condition qui sera néanmoins indispensable à la conclusion d’un accord à Copenhague. Par ailleurs, l’Inde insiste toujours sur l’importance de l’aide financière et des transferts de technologies en faveur des pays du Sud.
Le Japon.
Après avoir tergiversé, le gouvernement de Yukio Hatoyama a proposé de réduire de 25 %, par rapport à 1990, les émissions de gaz à effet de serre du Japon en cas d’accord ambitieux à Copenhague.
Le Brésil.
Brasília s’est engagée à réduire de 36 à 39 % ses émissions par rapport aux prévisions pour 2020, notamment réduisant de 80 % la déforestation. Mais, a prévenu le président Ignacio Lula, si le Brésil veut bien préserver la forêt, « il faudra payer la facture ».
Le Soir, 7 décembre 2009, p.3.