Un pont pour l’Afrique … [La Libre Belgique]
Dans l'un des 3300 exemplaires du numéro 274 de
«
A la première lecture de ce texte, je suis effaré d'apprendre qu'une région entière comptant plusieurs millions de personnes a ainsi été coupée du monde depuis 1997. Quelle détresse. Mais qui donc avait connaissance de cela? Combien d'enfants, de femmes et d'hommes sont morts, faute d'avoir pu se procurer des denrées de base dont le prix avait ainsi flambé? Et je ne peux m'empêcher d'être fier d'appartenir à une nation qui a pris ses responsabilités et posé l'acte matériel de redonner vie et espoir à toute une région oubliée de l'Afrique centrale après près d'une décennie d'immobilisme.
Mais après réflexion, je m'interroge... Oui, cela m'interpelle car on nous enseigne à tous les niveaux, depuis les organismes des Nations unies jusqu'à la coopération belge, que l'aide au développement doit se faire via des transferts Nord-Sud de technologies, de connaissances et de «know-how». C'est ce principe même qui fait la force de l'adage «apprends à un homme à pêcher, il pêchera toute sa vie». Or, dans ce cas précis, il semble que le pont de Nyemba ait été entièrement conçu par des entreprises belges en Belgique, pour ensuite être démonté en Belgique, puis remonté en République démocratique du Congo par des experts belges de la coopération technique! Ceci est en totale contradiction avec l'idée actuelle de la coopération, sauf... Sauf que le nouveau concept qui s'est intégré dans le domaine de la coopération est celui du «win-win». Et dans les faits, cela se traduit donc ici par de l'emploi créé ou sauvegardé pour le Nord et un pont clef sur porte pour le Sud. Tous deux sont donc en effet gagnants.
Mais les crues torrentielles sont fréquentes entre les tropiques, et elles emportent inlassablement vies humaines, potentialités économiques et ponts de toutes natures. Combien d'autres ponts ont ainsi été emportés par les flots depuis 1997, entraînant des populations déjà démunies dans une misère supplémentaire? Et combien de ces ponts détruits attendent d'être reconstruits par un quelconque accord de coopération?
Certes, le bien a été fait, mais il est à regretter que la simple option de la livraison d'un pont pour le Sud ait été retenue. Pourtant l'occasion était belle de construire un pont vers le Sud...
Pierre OZER,
Pour avoir la version pdf de cet article, envoyez-moi un mail: pozer@ulg.ac.be
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